La bise

Quand on se fait la cour, cela peut-être long
Mais la patience est d’or si l’on veut pavoiser
Voici une histoire qu’on raconte en salon
De quand nos mariés allaient s’apprivoiser

Le premier rendez-vous se passe sous la pluie
C’est un fait qui s’arrose, ils commandent 2 cocktails
Restaurant, Saint-Germain, pas de trop selon lui
Mais pour les au revoir : une bise, rien de tel !

Au deuxième rencard, c’est fondue japonaise
Nos amis — j’en conviens — s’y connaissent en restos
Et comme le galant commence à être à l’aise
Ce sera une bise… Complétée d’un texto

Mais jamais deux sans trois, tentons la crêperie
Voyons si le plaisir de se voir est tenace
Il doit être certain, cela sans tromperie
En attendant c’est bien, une bise à Montparnasse !

Ils se revirent ensuite au solstice d’été
Il lui fit découvrir ses mouv’ments du bassin
Si la danse rapproche de par nécessité
Après avoir sué, une bise, c’est plus sain

Comme il prend son temps, elle brûle d’impatience
L’ambiance étant très chaude, ils filent au Pachanga
À un mètre d’écart, le respect des distances
Lui ordonna la bise, bien élevé le gars !

Au « Tout le monde en parle », sixième rendez-vous
Difficile de dire qui fit le premier pas
Pour stopper cet élan, aucun ne se dévoue
La bise était battue par beaucoup plus sympa

On ne peut plus compter la somme des rencards
C’était grâce à la bise qu’on devait faire l’appoint
Deux enfants, marié, Yoann est malin car
Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

Pas tout n’est Patounet

« Patrick » c’est trop sérieux, pour nous c’est « Patounet ».
Un tonton pas Titi mais plutôt Gros Minet.

Plus proche de fêtard que de raisonnable,
Dernier sur les régimes mais le premier à table.

Il nous a appris a combler nos tartines :
Du pain très bien beurré et pas de margarine !

Il aimait taquiner, qu’importe le moyen.
Et qu’importe la blague, ça nous faisait du bien.

Qu’il fasse Coluche ou bien le père Noël
On préférait son jeu aux stars originelles.

Il manque Patounet au cirque familial,
On a perdu un clown et un tonton royal.

Au revoir Mamie

Avant même de la voir,
Ses cartes et sa belle écriture
Nous chantaient « Bon Anniversaire ! »
Pour première littérature.

Quand venait l’heure des vacances,
À sa fenêtre, pour que l’on vienne,
En retard ou bien en avance,
Elle s’inquiétait, quoi qu’il advienne.

Si par malheur on arrivait
Avec une fleur ou autre chose,
Avec un cadeau pour Mamie,
Elle n’en comprenait pas la cause.

Et cette fleur ou cette plante
Dont elle ne s’occupait jamais,
Faisait donc son intéressante,
Montant plus haut que les sommets.

Sans plus attendre sur la table,
Poussaient des plats qui sentaient bon.
Nous bien gavés, c’est formidable,
Elle sortait la boîte à bonbons.

Pas de secret pour ses recettes,
Elle nous les a toutes confiées,
Mais les mesures et les étapes,
Il vaudrait mieux ne pas s’y fier.

À la Bataille ou au Nain Jaune,
Elle a passé beaucoup de temps,
Confuse de mieux jouer que nous,
Cela nous plaisait tout autant.

Quand venait l’heure de dormir,
Un doux lit nous était offert,
Qu’elle nous avait confectionné,
Mais qu’on ne savait pas refaire.

La nuit, nous étions rassurés
Par un clown rond lumineux,
Et nos doudous rafistolés
Lançaient des mercis bien à eux.*

Au matin elle était levée,
Bien avant nous, ça c’est certain.
On avait le p’tit déj rêvé :
De la brioche et du bon pain.

Mais il nous faut déjà partir.
Mamie ne t’inquiète donc plus,
Tu as bien nourri nos enfances.
Encore de toi nous aurait plu.

~

Tes petits enfants

*À l’origine :
La nuit, on était rassuré
Par la veilleuse souriante,
Et nos doudous rafistolés
Remerciaient Mamie tout autant.

Pour laisser une moue choir, il ne faut pas être en rue mais…

Réponse à « Flocon se parle » :

~

Il sera un plaisir,
D’aller braver le temps,
Qui fait un peu rosir,
Ton nez c’est embêtant.

Si tu tombes, laisse agir,
Ton moelleux, avisé,
Il n’aurait à rougir,
Des couleurs opposées.

Ainsi je serai là,
Pour venir te chercher,
Ton nez comme cela,
Ne saurait se moucher.

L’ëgale à vingt plus dix

Ça faisait dix années que tu avais vingt ans,
Même en traînant les pieds, tout ça ne dure qu’un temps.

La fillette confirmée, est passée jeune femme,
La beauté affirmée, au touché d’une flamme.

Tes yeux ne brillent pas pour quelques possessions.
Les cadeaux sonnent plus comme des punitions.

Ainsi voici mon offre, un mot pour un sourire,
Pour remplir mon coffre, un seul devrait suffire.

Prends-en donc un qui vient, parmi ceux du poème,
Celui-ci te va bien, il s’agit du trentième.

ndla : Le hasard faisant bien les choses, Il est le trentième que je pose.

Autrement votre

Le moi quand il est incomplet,
Laisse entrer notre solitude,
Mais d’un compagnon se complaît,
Je n’en parle pas d’habitude.

Cette rencontre nous appartient,
Quand nous sommes devant la porte,
Et quand cet « Autre » la retient,
C’est un geste qui nous apporte.

Ce leitmotiv d’initiatives,
Nous donne comme un nouvel élan,
Ce poème en définitive,
Provient de l’Autre bon an mal an.

On apprend de lui pas de soi,
Le bonheur mais pas d’autre émoi.
Veiller sur lui ça va de soi,
En effet pour lui l’Autre est moi.

Pour le Foyer du Vert-Galant (Tremblay en France).  Lu par une animatrice lors du « Printemps des Poètes ».  Le thème de cette 10ème édition était « Éloge de l’Autre ».

Laissez le passé

N’est du vouloir d’aucun mais de d’autres enlacés,
La naissance de chacun, toujours est au passé

L’enfance méritée finit par trépasser,
Elle est en vérité depuis longtemps passée.

Les erreurs qui deviennent « Actes ordonnancés »,
Restent comme elles viennent, c’est pourtant du passé.

Une fille délurée s’était de moi lassée.
Ses billes azurées reflètent le passé.

Tel un feu d’artifice vif puis effacé,
Les plaisirs sont d’office conjugués au passé.

Par interrogations, le présent est chassé,
« Mais pour quelles raisons cela s’est-il passé ? »

Le présent pour tout dire, n’est jamais ressassé.
Mais le fait de le lire, c’est presque du passé.

Comme la fin s’avère de tout oeuf cassé,
Le début de ce vers… c’est déjà du passé.

L’amour par anticipation

Il était temps que je t’écrive,
Tu es celle que j’attendais,
Je suis posé sur l’autre rive,
Si jamais tu te demandais.

Comment vas-tu depuis toujours ?
Je souhaite avoir de tes nouvelles.
Pourrais-tu me remettre à jour,
En donnant un coup d’manivelle ?

Regarde, prends-le, ça c’est pour toi.
Je l’ai fabriqué de mes mains,
Pour mon cœur ou pour notre toit,
Ce diffuseur de lendemains.

L’avantage pour le moment,
C’est que je ne me risque pas,
A m’enivrer tout doucement,
Tendrement au creux de tes bras.

D’ici tu es déjà si belle,
Mais ma vision est déformée,
Par le son du prénom de celle,
Que je ne saurais pas nommer.

En attendant de te croiser,
Je te le dis sans ton accord,
Avant de pouvoir traverser,
Que je ne t’aime pas encore.