Problème de fond

Quand les mots prennent forme, je les ai face au nez.
En y mettant les formes, j’aime les façonner.

Faire le maniéré ? Non merci, sans façon.
J’aime la manière et… l’art sans contrefaçon.

Ce serait formidable, sans faire de manière,
Une forme façonnable, de toutes les matières*.

Toutes piles et faces ont, leur chance de tomber,
De toutes les façons, c’est façon de parler.

Qu’importe qui t’informe, me dit un âne hier,
L’important c’est la forme… d’une certaine manière.

*initialement « manières », changé le 01/12/21

La part rance de l’apparence

Souvent sujette à ma vision,
La belle superficialité,
Me provoque alors des lésions,
Et blesse ma simplicité.

Je suis comme celui qui me lit,
Assemblé de chair et de sang.
Mon cœur et âme qui s’y lient,
Sont nus, ce n’est pas indécent.

Voir le fond et non la forme,
Le plus noble des exercices,
Car ceux qui portent l’uniforme,
Ne sont pas tous dans la police.

Ceux qui ne voient que l’apparence,
Sont des aveugles de l’esprit,
Bouder ainsi la tolérance,
C’est avoir un cœur malappris.

J’aime l’art qui sait nous montrer,
Par nos yeux ou par nos oreilles,
Le fond de nous et son entrée,
Pour ça, il n’a pas son pareil.

Chapitre I : Seul l’âne ne me dit rien qui vaille

~

L’âne Onîm a besoin de soins,
Pour retrouver toutes ses forces,
Un peu de rimes dans les foins,
Pourrait être une bonne amorce.

Les idées germent, à c’qu’il parait,
Même quand elles sont à l’agonie.
Je reste ferme sur mes jarrets,
Comme les Grands Pieds d’Patagonie.

Dans une atmosphère de mots,
Des phrases volent autour de moi,
Elle donnent à ma tête des maux,
Ma queue en balaye parfois.

Pour combler une solitude,
Il faut la faire disparaître,
J’offre ainsi la sollicitude,
Aux mots qui n’ont plus qu’une lettre.

Mais qu’en est-il de la mienne,
Coincé au fond de mon étable ?
Je reste seul quoi qu’il advienne,
Personne pour partager ma table.

Il suffit ! Je ne me plains plus,
Je refuse d’être sclérosé.
Je partirai bien au delà,
De la clôture électrisée.

À la première des occasions,
Je refais ma vie sans frontière,
J’ai le plan de mon évasion,
Ecoutez-le car j’en suis fier…

Quand le fermier point’ra son nez,
Je serai caché dans la paille,
Il sera ainsi condamné,
À me chercher, ça c’est sans faille.

Penché dans cette nature morte,
Il ne me verra pas sortir,
Je marcherai de telle sorte,
Qu’un ninja ne pourrait en rire.

En me traitant de tous les noms,
Le brave homme cherchera ailleurs,
Dans sa remorque, sûr que non !
De mon plan, ça c’est le meilleur.

En attendant de voir venir,
Le fermier avec son tracteur,
J’aurais bien besoin de dormir,
Demain entre en scène l’acteur.

~

Sans tronc ni patte

Si tu me laisses faire, je gravirai les dunes,
D’une terre bien plate, d’un plateau sur ma lune.
Et en croisant mes fers, je n’aurai de rancune,
L’introspection dilate, mes craintes une à une.

Je te donne le reste, car le tout n’est pas miens,
Le sens est en désordre, je le sais mais j’y tiens.
Ma mission cette peste, je la men’rai à bien,
J’écrirai tout dans l’ordre, je ne garderai rien.

L’écriture intuitive, a du bon mais parfois,
On a peur des maux, qui peuvent jaillir ma foi.
Les rires comme incentives, font du bien à mon foie,
Qui draine mal les mots, pas tout l’temps mais des fois.

Quel méli-mélo, dans ce sans queue ni tête,
Des phrases conjuguées, dansent sans qu’elles n’arrêtent.
Dans des lignes on met l’eau, poussent des marionnettes,
J’en reste subjugué, au présent c’est un fait.

Si tu reprends la route, évite ce poème,
Faut vraiment le vouloir, pour cuver ce qu’il sème.
Si jamais tu en doutes, vis sa vie de bohème,
Reprends ton arrosoir, oublie donc l’OGM.

Poème du vendredi, c’est l’début de la fin,
J’en zozote, de mes dents, j’vous f’rai pas un deffin.
Ça vaut pas un radis. Tiens? Marrant, j’ai pas faim,
Grattant ma pomme d’Adam, je vous libère enfin.

L’âne sœur

Je me souviens très bien, de ce matin d’été,
Les paroles de Fanfan, étaient toutes en fleurs,
Ce n’était pas pour rien, mais pour m’féliciter,
Moi qui étais enfant, d’avoir une petite sœur.

Quel moment émouvant, même encore le disant,
Je rêvais l’avenir, « Quelle sera donc sa place ? »,
Et je pensais souvent, du haut de mes dix ans,
Que l’on allait bien rire, même que c’est trop la classe !

Je me sentais plus grand, j’étais alors grand frère,
Du miens j’devais copier, toute l’habileté,
J’ai eu pour être franc, un poids sur la crinière,
Qui s’appelle en six pieds, responsabilité.

Ce matin est passé, depuis dix-huit printemps,
Une majeure au grand cœur, parsemée de fous rires,
Ne serait pas assez, pour la décrire maint’nant,
Mais continue p’tite sœur, tu nous donnes le sourire.

C’est la faim de tout !

Je veux tout découvrir autant que partager,
À la vie j’veux m’offrir pour mieux m’y engager.

Comment trouver le temps de vivre sans vitesse,
Dévorer jusqu’au sang ce livre plein d’ivresse ?

À vouloir tout gravir, les sommets sont plus rudes,
Faut-il vraiment choisir une seule voie d’étude ?

Pourquoi forger des lois de quelques vanités ?
C’est con de perdre foi en notre humanité.

J’aime chercher le mieux d’univers opposés,
Peut-être est-ce au milieu qu’il me faut me poser.

J’y vois bien une maison et un phare pour m’y choir,
De ce tour d’horizon, je pourrais tout y voir.

Faire le tour de la terre, c’est rester dans la lune,
Mieux comprendre nos pairs et plutôt deux fois qu’une.

Sur une carte, dans la chair, je ne trouve de chez moi,
Mais près d’un être cher, le bien-être s’assoit.

Vous voulez mon avis ? Faut trouver la cadence,
Pour mieux rythmer sa vie, guérir les dépendances.

À mes pieds, à mon cœur, s’imposent des variations,
L’affluent des bonheurs n’a pas qu’une direction.

Face à cette boulimie, impuissants nous naissons,
Chacun sa route l’ami, tu connais la chanson.

Inspiration calme à peu agitée

Je me sens vide, je baille,
Espérant l’inspiration.
Ne voulant pas qu’elle s’en aille,
Je mets ma plume en action.

L’imaginaire capricieux,
Je me sens vraiment bancale.
Ce bateau est très précieux,
Où sont les clefs de sa cale ?

Le pied marin salutaire,
Je pars pêcher de beaux vers.
De moi s’éloigne la terre,
Ça c’est le monde à l’envers.

Pour mieux quitter mon train-train,
Je lance mes strophes à l’eau,
Dans leurs tercets ou quatrains,
Se coincent mots par kilos.

Je répare de temps en temps,
Les mailles de mes filets,
Je rêve tout mon comptant,
Bien au chaud dans mon gilet.

Je surveille les nuages,
Chargés aux premiers abords.
J’envoie, craignant le naufrage,
Des idées par dessus bord,

Ça y’est ! Il faut s’arrêter,
Avant d’en être malade.
C’était sympa d’affréter,
Un poème pour une balade.

De retour sur la terre ferme,
Déjà un brin nostalgique,
J’espère retrouver à terme,
Des évasions si magiques.

Pas de poissons à saisir ?
En poésie ou en pêche,
L’important c’est le plaisir,
De quitter la cale sèche.

L’Homme qui murmurait à l’oreille de l’âne

L’âne Onîm a des amis,
Parmi eux mon petit pote.
Nos balades ont déjà mis,
De l’amitié plein nos bottes.

C’est pour lui que je transmets,
Cette poésie si légère,
À des lecteurs en transe mais,
Prétextant l’anniversaire.

Au pas, au trot, au galop,
Notre philosophie court,
N’étant pas trop mégalo,
Laissant nos dires dans la cour.

Je n’lui souhaite que du bonheur,
L’émergence de ses désirs.
Je sais que j’aurais l’honneur,
D’écouter tous ses plaisirs.